Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               383
 Italie comme il avait interrogé en Allemagne !a philosophie
et la politique. Alors se développe sous une autre face cette
puissance d'analogie qui lui révèle les rapports intimes des
productions de l'art avec les Å“uvres de la nature et les faits
de l'histoire; il nous explique la filiation des monuments et
des idées, et nous montre le génie des peuples et l'esprit des
institutions éclatant sur la physionomie des villes. Voici u n
passage sur Rome dans lequel les deux plus grands artistes de
l'Italie, Raphaël et Michel-Ange, sont appréciés d'une m a -
nière aussi neuve qu'élevée.
   « Mais ce qui a achevé de donner à Rome son caractère, ce
qui fait qu'elle est elle-même l'emblème du catholicisme, le
voici : au dessus des ruines, des basiliques, des mosaïques,
au dessus de l'antiquité et du moyen-âge la coupole de Saint-
Pierre s'élève comme la domination visible de la papauté!...
Rome avec tous ses siècles ne fait pour ainsi dire qu'un seul
monument dont l'unité est analogue à celle du catholicisme ;
ses fondements sont cachés dans les catacombes des martyrs ;
sa tête est chargée de la coupole de la cité nouvelle. Si le dôme
de Saint-Pierre manquait à Rome, elle serait toujours la ville
des tombeaux par excellence mais, elle ne serait plus l'emblè-
me visible de l'Eglise triomphante ; il lui manquerait sa tiare.
   «              Pour achever cette Rome catholique, les deux
artistes de la papauté, Michel-Ange et Raphaël, se sont parta-
gés le double génie de l'église : le premier a reçu l'inspiration
de la Bible, le second celle de l'Evangile ; ainsi l'Ancien et
le Nouveau Testament de l'art ont reçu à la fois leurs deux
révélateurs.
   « L'école de Venise répondait au génie d'une aristocratie
sensuelle, celle de Florence aux traditions d'une démocratie
chevaleresque et lettrée ; l'école de Rome représente l'insti-
tution souveraine par excellence, la papauté ; ces peintres
ascétiques du moyen-âge étaient dans un rapport naturel avec
l'architecture ascétique qu'ils décoraient de leurs fresques,
avec l'église de saint François d'Assises et le cimetière des Pi-