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384 sans ; les Florentins avec leurs églises patronales et le baptis- tère de la commune. Fœsole avec les cellules des cloîtres, Titien avec le palais des doges, Raphaël et Michel-Ange intro- nisèrent l'art sur le Saint-Siège ; leur génie pouvait éclater partout, leur vraie place était au Vatican. « Si l'on veut voir d'un coup-d'oeil l'œuvre épique de la tra- dition chrétienne, il suffit de regarder les fresques de Raphaël. Les transformations continues de l'art y sont d'autant plus sensibles qu'une partie du vieux génie liturgique palpite en- core, et revit dans ces formes nouvelles. Cet idéal s'est déve- loppé dans l'art de la même manière que le dogme dans l'église. Ce n'est point en un jour que l'église, celte madone des tombeaux, a revêlu les pompes et la gloire de la papauté ; elle a passé par le martyre avant de s'éveiller aux joies du siècle de Léon X, elle a chanté dans le sépulcre du moyen- âge les litanies de mort. De même, la peinture de Raphaël n'est pas l'œuvre d'un seul homme, on pourrait l'appeler une peinture épique, parce qu'elle a résumé tout ce qui l'a pré- cédé, tellement liée à la tradition, qu'elle semble souvent in- dépendante du choix et de la volonté de l'artiste. Elle aussi a langui dans les sépulcres des cénobites. Elle s'est dérobée au monde payen, avec les formes bysanlines, au fond des catacombes ; elle a vécu dans les cellules du IXe siècle, et dans le Campo Santo des Pisans. Voilà pourquoi, dans son triomphe, elle garde quelque chose de son martyre. Sous la beauté épanouie au soleil de la renaissance, vous recon- naissez les traces de l'ascétisme et de la douleur du moyen- âge. Raphaël représente la tradition de l'église. Il y a en lui du Perrugin^ duMassacio et du frère Angélique. « Tout autre est Michel-Ange. Il n'a ni maître ni passé ; si on découvre en lui une parenté véritable avec Dante et les sculpteurs Pisans, s'il tient de l'apreté des discordes civiles, de la véhémence de Savanarole, de l'esprit tumultueux des Guelfes et des Gibelins, il a par dessus tout l'esprit d'infailli- bilité qui ne doit rien qu'à lui-même. Il fait, il accroit la Ira-