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   L'Allemagne nous semble appréciée dans l'ouvrage de M.Qui-
net d'une façon plus saisissante et plus vraie que dans aucune
des nombreuses études qu'on a publiées sur ce pays dans nos
dernières années ; ni les faciles esquisses de M. Saint-Marc
Girardin, ni les déclamations éloquentes de l'auteur à'Au delà
du Rhin, ni l'ctincelante causticité d'Henri Heine ne peignent
d'une manière aussi animée, aussi complète et en même temps
aussi précise le double travail qu'exécute aujourd'hui la patrie
de Luther.
   Après l'Allemagne, le poète a observé l'Italie ; après le
mouvement de la vie, l'immobilité de la tombe. Il n'est plus,
en effet, au delà des Alpes, ni de puissance politique, ni de fer-
mentation intellectuelle dont l'Europe en travail subisse ou
attende l'influence ; l'Italie est morte pour l'action, et sa p e n -
sée dort d'un lourd sommeil. Peut-être cache-telle des germes
puissants cette glorieuse terre qui a déjà tant fait pour l'hu-
manité; mais quelque éclat que lui réserve l'avenir, le p r é -
sent y est si sombre et si vide que I'ame ne s'y alimente que
des débris du passé.

           0 terre du passé, que faire en tes collines?
           Quand on a mesuré tes arcs et tes ruines
           Et fouillé quelques noms dans l'urne de la mort
           On se retourne en vain vers les vivants, tout dort! (1)

   C'est donc aux sublimes vestiges des temps écoulés, à la
splendeur de cette nature éternellement belle que le voyageur
a demandé ses inspirations. Il n'a que des larmes a d o n n e r à
cette Italie de nos jours, où l'esclavage a étouffé le génie et
presque la vertu, mais il a aussi d'éloquentes malédictions à
jeter à ses bourreaux.
   Dans celte contrée qui n'a plus ni philosophes, ni poètes ca-
pables de reporter la pensée à Yico et à Dante, ce qu'il y a de
plus vivant ce sont les vieux chefs-d'Å“uvre des arts de la forme,
c'estla peinture^ c'est l'architecture que le poète interroge en

  (I) Lamartine. (Dernier chant du pèlerinage de Child-Hérold).