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semble qu'il a quelquefois devant les yeux la menace d'unréqui-
sitoire, et sans pourtant le craindre, il s'abstient. Avant que ses
réticences ne soient entières, on voit qu'il torture, qu'il p r e s -
sure sa phrase, et qu'il ne semble ne la laisser qu'à regret. Dans
sa préface,il annonce pour seul but l'impartialité, sommet inac-
cessible qu'il a pu enlrevoir, mais qu'il n'est donné à aucun
homme d'atteindre. En effet, tant qu'il y aura un homme sur
la terre, il y aura des passions, et par conséquent de la p a r -
tialité. Ce n'est pas à dire pour cela que l'on doive juger avec
toutes ses passions. Non ; mais il en est de bonnes et de géné-
reuses; c'est avec celles-là que Dieu dit d'écrire. Loin d'étouf-
fer leurs cris, il faut les laisser s'exhaler, afin qu'ils retentissent
au loin et qu'ils aillent réveiller quelques-uns de ceux qui dor-
ment. Il n'est pas plus possible de faire du stoïcisme en his-
toire qu'en philosophie. Le Christ, qui était Dieu, nons a mon-
tré jusqu'où peut aller l'abnégation dans les actes et dans le
pensées, et cependant quand il parlait aux Pharisiens, il ne
trouvait pas de mot assez dur, même dans le domaine de la
mort pour exprimer son indignation : voilà, selon nous, le
modèle qu'il faut imiter en écrivant l'histoire.
   Ceci n'est pointla censure d'un ouvrage, c'est notre manière
de comprendre une science. Quant à l'auteur du livre sur la
dernière année de la Restauration, se contentant du rôle m o -
deste de chroniqueur, il a non seulement su allier la concision
au charme du style^ mérite assez rare de nos jours pour qu'on
en tienne compte, mais encore il a su mettre dans ces deux
volumes tous ses efforts d'impartialité, et il a évité dans celte
voie un écueil presqu'insurmonlable pour tous ceux qui s'y
engagent, la sécheresse et l'aridité.
                                                      J . B . P.



LETTRES DE SAINT JÉRÔME, TRADUITES EN FRANÇAIS, AVEC LE TEXTE
  EN REGARD, par J.-F. GBËGOIBE et F.-Z. COLLOMBET; Lyon et Paris, Pé-
  risse, S vol. in-8°.

   MM. Grégoire et Collombet viennent de publier le V e et
dernier volume de leur version des Lettres de saint Jérôme ;
cette grave et importante publication se trouve maintenant
complète. Les Lettres de ce grand solitaire, qui remuait le
 monde chrétien, s'adressent autant à l'érudition profane qu'au
savoir ecclésiastique. Tout s'y croise, l'histoire, l'éloquence,
la philosophie, la discussion littéraire, l'apologie, l'oraison