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72 qu'elles arrivent de Lyon. » C'est ainsi que notre voyageur étudie les mœurs d'une ville ; morbleu ! qu'il s'occupe donc de ses fers ! « Mes affaires m'ont souvent appelé à Lyon ; dès que je suis en cette ville j'ai l'envie de bâiller et les plus belles choses ne font plus d'effet sur moi. » Hélas, si les Lyonnais vous Ibnt bâiller, vos lecteurs peuvent en dire autant de vous elles les plus belles choses de votre livre font cet effet sur moi, pour employer votre style élégant. Suit l'histoire de la fondation de Lyon où le touriste apprend à l'univers étonné que l'ancien nom Lugdunum contient la syllabe lug. « Suivant les prétendus savants, ajoute le savant quincallier, lug voulait dire, parmi les Gaulois, montagne ou rivière ; Lcyde et Laon s'appelaient aussi Lugdunum. » O altitude* ! L'auteur émet ici ses idées sur le commerce et l'industrie ; puis il donne un plan d'organisation d'un ministère ; après il fait une interminable dissertation sur les races d'hommes. Mais chercher à toutes ces considérations une raison, un but, une conclusion, il n'y faut songer nullement. Le spirituel écrivain prétend que « les dévots lyonnais • frappés de la prononciation du nom de l'église de Saint-Iré- née — Sain-Tire-nez,—n'y entrent qu'en se tenant le nez pour se préserver de quelque espièglerie céleste. » Et de pareils ouvrages ont des éditeurs ! « Je traverse tous les jours ce triste Hôlel de ville de Lyon, bâti en 1630, qui a l'air si sot, si lourd, tellement insigni- fiant et n'en est pas moins fort estimé dans le pays. Ne serait- ce pas que cet édifice est vraiment romantique? » Mais qu'est ce que tout cela veut dire; et qu'est-ce que le romantique vient faire ici; et pourquoi un marchand de fer parle-l-il de pierres. Ne sutor ullrà crepidam Voici du moins une idée très raisonnable : « Venise est si malheureuse et Lyon si riche qu'il serait possible d'acheter un palais de Venise, par exemple le palais