page suivante »
91
composition pleine de suavité : une jeune fille caresse son
chevreau ; pendant ce t e m p s , le petit animal broute les
feuilles de la couronne qu'elle a sur la tête. Rien de plus gra-
cieux, de plus naïf et de plus pur comme forme et comme
expression.
Les animaux en bronze de Fratin méritent aussi une men-
tion particulière, ainsi qu'une petite figure en terre cuite
de Colin.
Maintenant un mol à la Commission ! — Pourquoi a-t-elle
emphatiquement annoncé que l'amour de l'art illuminait ses
doctes jugements? — J'affirmerais qu'il n'y a pas d'avide bro-
canteur moins préoccupé qu'elle de l'intérêt de l'art.— La
Commission n'a qu'une idée fixe, c'est de contenter l'action-
naire. Les cinquante francs de celui-ci agissent sur son es-
p r i t , et le tiennent en plus grande perplexité que le mérite
de tel ou tel tableau. Or, pour satisfaire tant de souscripteurs,
qui tous ont rêvé un numéro gagnant, il faut avoir bonne
provision de lots. —Alors elle a acheté à peu près tout ce
qu'on lui vendait bon marché. — Singulière façon d'encou-
rager les a r t s ! . . . Autrefois les grands seigneurs, les papes ,
les rois , les ducs , ces protecteurs aristocrates à qui nous
sommes pourtant redevables de toutes les belles inspirations
des grands m a î t r e s , livraient au génie du peintre des murs
d'église ou de palais, ils ne limitaient pas la dimension de
l'œuvre à une certaine quantité d'écus. —Ils disaient : Faites,
n'importe le prix. — Les faiseurs de budget n'agissent point
ainsi, même quand ils se constituent le Mécène de l'art. —
Ils semblent dire : Faites à notre aune. A tant le pied carré ,
ni plus ni moins que lorsqu'ils achètent un manteau ou une
mesure de terrain. — Parbleu, voilà l'artiste bien encouragé!
— Le moindre colporteur en fait autant. — Pour cela les amis
des arts ne manquent p a s . — L e s pochades et les tablolins
sont d'un débit facile. — Et d'ailleurs, il n'est pas besoin
d'un grand talent ; pour peu qu'on ail fréquenté les ale'.iers,
avec un peu de main , la rouerie du chique , il n'est pas de