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du langage qu'il venait d'entendre l'étonnât ou le blessât, il
s'associa à son énergie, et n'y vit que le sentiment qui l'ins-
pirait. Il fut Français.
   Le succès de son dévouement soutenait les forces de
M. Pons. Toutefois , dans le cours de son administration , il
avait des inquiétudes secrètes qui le tourmentaient d'autant
plus qu'il ne pouvait en faire la confidence.
   Dès que l'heure du malheur eut sonné, chaque soir, des
réunions que l'on appelait des conseils avaient lieu à la Pré-
fecture, et chaque matin des lettres anonymes ennemies ré-
pelaient au préfet tout ce qui s'était dit dans les épanche-
menls du huis-clos. 11 fallut renoncer à ces réunions, dont
le bien du service public avait pourtant fait sentir le besoin.
Cette circonstance causa des chagrins à M. Pons. Il était i m -
portant pour lui de savoir d'où partait la divulgation de ce
qui devait rester s e c r e t , et lorsqu'il en connut la s o u r c e , il
fut encore plus affligé.
   Un chef de bureau et le secrétaire particulier du préfet le
trompaient. Ils étaient en correspondance avec les autorités
royales. Le préfet royal déguisé était entré dans Lyon , et
c'était chez le chef de bureau qu'il s'était caché, et où le
secrétaire le voyait souvent. Mais ce ne fut pas la seule dé-
loyauté dont M. Pons eut à se plaindre.
   Lorsque la nouvelle officielle de la seconde Restauration
parvint à Lyon , l'autorité militaire et le préfet prirent réci-
proquement l'engagement d'honneur de ne point faire de pro-
clamation pour Louis XVIII, et néanmoins , dans la même
n u i t , malgré la foi jurée, l'autorité militaire fit imprimer
son adhésion au changement qui venait de s'opérer dans le
gouvernement. Cet oubli de la parole d o n n é e , des plus sim-
ples convenances , amena des explications qui devaient finir
comme finissent les querelles entre les braves ; mais la pros-
 cription interposant son autorité absolue , dispersa les forts
 et les faibles qui lui étaient désignés , et les rancunes s'étei-
 gnirent dans des souffrances communes.