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tant point relevée de Tanathéme lancé sur elle. Pourquoi le
poète n'a-t-il pas compris tout le côté sublime d'une reli-
gieuse pensée?
   Je n'adresserai point le même reproche à M. Joséphin
Soulary, qui, dans Sa poétique excursion, à travers Champs,
n'a pas dédaigné de songer à la prière ; mais ici le déisme
apparaît avec tout le vague de ses croyances indécises ;
M. Soulary préfère au recueillement de nos temples l'im-
mense théâtre de la terre et des cieux; suivant lui, ces grands
constructeurs de nos églises gothiques, ces hommes d'amour
et de foi qui oublièrent d'attacher leurs noms à des monu-
ments immortels n'ont travaillé que pour leur orgueil.
                Mon Dieu !

                Semblables à ces statuaires
                Qui jadis dans les sanctuaires
                Sur l'idole inscrivaient leur nom ,
                Ceux qui bâtissent â ta gloire
                N'ont construit que pour leur mémoire...
                Us ont bâti pour le démon.

   Le poète est allé trop loin ; son culte est celui de la na-
ture; en ne spécialisant pas une croyance, en n'assujélissant
point les adorations à un rite, à un symbole arrêté, on re-
lâche la foi, à force de la vouloir élargir, L'ame des peuples,
chassée de la maison de Dieu, se distrairait en de vaines
pensées, et dans la contemplation des merveilles du monde,
elle oublierait leur auteur pour ne songer qu'à ces merveilles.
Tel fut le principe de l'idolâtrie. Les mystères du catholi-
cisme veulent l'ombre et le silence de la méditation. Il arrive
pourtant parfois à M. J. Soulary de se rapprocher de la pen-
sée calholique, et c'est vraiment alors que grandit le talent
du poêle .-
             Qui me rendra la nef champêtre ,
             Les vases de bois de l'autel ?