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qui s'attache à l'homme préoccupé, obscurcit son entende-
 ment et le livre à l'erreur, Charles se crut de toutes parts
 environné de pièges ; il se détourna du monde, et courut ca-
 cher les misères de son délire. Auprès de ce prince, soupçon-
 neux dans son aliénation mentale, l'intrigue dut avoir un
trop facile accès; de vieilles haines intéressées contre le ju-
daïsme se remuèrent autour du monarque ; elles se couvrirent
du voile de l'intérêt public; enfin, elles arrachèrent sans
 peine à la plume de Charles un édit de proscription générale.
 Quelque chose restait à faire ; il fallait cimenter cette œuvre
d'injustice ; et voici que le 17 septembre 1394, l'exil est
déclaré irrévocable en forme d'établissement.
   Mais s i , dans sa crédulité , Charles VI était facile à se
laisser surprendre, on peut dire aussi qu'un sentiment inné
de droiture le guidait toujours ; ce prince fut quelquefois le
jouet de la ruse et de l'erreur, mais en se faisant l'instru-
ment des petites malices de cour, il crut servir le bien pu-
blic, et conserva sa bonté d'ame. L'esprit de Charles était
resté enfant, le temps ne lui avait pas été donné pour se
développer dans la perversité. Aussi ne fut-ce point par un
désir de spoliation que ce roi lança l'édil de proscription.
L'accusation d'usure avait été ressuscitée devant lui, de hauts
conseillers flattèrent l'ardent amour du roi pour le peuple de
France ; ils représentèrent à Charles les Juifs s'imposant au
pays, épuisant sa richesse et sa vie ; enfin ils prononcèrent
le nom d'exil, et pensèrent tout bas se partager entr'eux les
dépouilles dorées d'Israël. Un désappointement les attendait.
Le monarque, crut, il est vrai, le bonheur du royaume in-
téressé au départ des Juifs, mais, d'un autre côté, n'ayant
jamais trouvé dans ces hommes que dévoûment et fidélité,
il ne voulut pas consommer envers eux la dernière injustice ;
Pâme innocente de ce prince pensa qu'il était bien de laisser
aux Israélites la faculté d'emporter les richesses qui leur ap-
partenaient ; sa simplicité ne comprit pas le besoin de la
confiscation.