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Saint-Pierre et le voisinage du couvent des Carmes. Toutefois
cette solitude était interrompue , mais à de longs interval-
les , par quelques exécutions de malfaiteurs ; on sait, en effet,
que la place des Terreaux avait la même destination que la
place de Grève à Paris.
Une foule nombreuse ne manquait jamais d'assister à ces
exécutions. Disons-le cependant, à la honte de notre civilisa-
tion moderne, ce n'était pas seulement un instinct de curiosité
qui attirait nos pères à l'effrayant spectacle d'un homme lut-
tant contre la mort ; la religion qui présidait à tous les actes
de la vie , accompagnait jusqu'au pied de l'échafaud ceux que
la société rejetait de son sein , et plus d'une bouche s'ouvrait
pour prier, en même temps que le bourreau faisait les apprêts
du supplice (1). De nos jours il en est autrement. On s'em-
presse , il est vrai, autour de la guillotine , mais comme on
s'empresserait pour une fête; on suit des yeux la victime ,
On épie ses moindres mouvements, on veut lire sur son visage
les impressions qu'elle ressent dans ce moment suprême, et
voir si elle tremblera en face du couteau qui doit trancher sa
tête, et puis c'est tout : on ne pense ni à ce qu'elle peut laisser
dans ce monde ni à ce qui l'attend dans l'autre.
C'était au mois de mai 1500: un homme avait été condamné
à être pendu, et le jour de l'exécution, dès l'aube, un nom-
breux concours de curieux inondait la place, depuis les
murs de l'Abbaye royale jusqu'à la place Ste-Calherine, où
fût fondée l'Âumosne générale, trente-un ans après le fait qui
va être raconté. Ce serait, de nos jours , un curieux spectacle
que celui que présentait cette foule rassemblée, et il serait
bien difficile d'en donner une idée exacte. La peinture seule
pourrait reproduire les divers traits de ce tableau , que î'é-
trangeté des costumes et la bizarrerie des couleurs rendaient
aussi pittoresque qu'il était animé. Là se trouvaient pêle-mêle
(1) L'institution des Pénitents de la Miséricorde , établie quelques année*
plus lard, est une admirable preuve de ce que nous avançons.