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demander à l'Eglise l'extirpation de certains abus criants,
c'est-à-dire attaquer le caractère mercenaire de quelques par-
ties du culte, et se plaindre des mœurs véritablement disso-
lues et ambitieuses d'une fraction du clergé. Rome ne com-
prit pas la portée de ces avis, elle fit la sourde oreille; elle
leva son glaive pour menacer et frapper. Cet aveuglement
devint fatal; la scission fut consommée, et pour ainsi dire
forcée. Parce que la réforme n'avait pas trouvé son appui dans
le Saint-Siége_, elle se détacha du Saint-Siège^ et nia toul-à-fait
sa puissance. Cet essai téméraire ne s'arrêta pas là : la né-
gation de l'infaillibilité pontificale conduisit à l'interprétation
libre des vérités du dogme. La discipline ecclésiastique avait
été méconnue , la doctrine eut son tour, les croyances iso-
lées s'épuisèrent en mille subdivisions indépendantes. R o m e ,
dans le principe, aurait pu tout cimenter et ramener à elle,
en se pliant à un besoin généralement senti. Maintenant le
moment opportun était passé sans retour, il fallait marcher;
la persécution vint encore tout gâler^ et des portions toutes
entières de l'Eglise catholique s'en allèrent en ruines; la ré-
forme elle-même se perdit en voulant trop s'étendre, à force
de discuter et de nier, elle ne crut plus à r i e n , et les peu-
ples , en se s é p a r a n t , finirent aussi par ne plus croire à elle.
   Le principe de la tolérance pour les Juifs gagna-l-il à ces
débuts ? Non : car l'Eglise devint plus sévère après ses pertes,
et la réforme dominant pendant peu de jours sur quelques
points de l'Europe, parut si ombrageuse et si défiante, qu'elle
condamna ces discussions religieuses provoquées par elle, et
courut enfin se cacher sous l'égide des pouvoirs politiques ,
afin de subordonner son existence à la leur. Le protestan-
tisme , devenu moyen de tyrannie, se serait donc bien gardé
de prendre en mains la défense du judaïsme , alors qu'il ne
pouvait suffire à se défendre lui-même.
   Mais s'il est. vrai que la réforme dévoyée ne fit rien pour
les Juifs ; il est certain cependant que ces dissertations, sou-
vent consciencieuses , qui menaient involontairement à l'er-
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