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 mence..... — Bien! s'écria Clément Marot, puisque noire
 charmante éplorée a daigné sourire au récit de mon infortune,
 nous devons continuer notre tâche et lui faire oublier sa
 tristesse    Ainsi donc, belle Louise, dites-nous quelques-
unes de vos aimables compositions, récitez-nous certains de
vos gentils vers, ou plutôt délectez-nous par l'audition de
votre admirable poème, dernier ouvrage loué par tous les
habitants de cette cité savante. — A ces mots, Louise Labé
rougit un peu, se fit beaucoup prier, mais Clémence joignit
ses instances à celles du bon Clément Marot, et la femme de
lettres commença ainsi : Voici le plan et l'idée de mon poème ;
« L'Amour a été aveuglé par la Folie , dans une querelle qu'ils
ont eu ensemble en se disputant le pas Ă  la porte du palais de
Jupiter qui avait invité tous les dieux à un grand festin. L'af-
faire est portée par l'Amour et sa mère Vénus au conseil des
dieux. Apollon plaide pour l'Amour et Mercure pour la Folie.
Jupiter prononce l'arrĂŞt et condamne la Folie Ă  servir de guide
à l'Amour puisqu'elle a eu la malice de lui crever les yeux. —
Mirifique! s'écria Clément Marot. Lyon va fournir au Par-
nasse deux charmantes muses de plus, Louise Labé et Clé-
mence de Bourges sont déjà deux nouvelles sœurs d'Apollon.
— Oh! l'indigne flatteur! dit Louise Labé.—Amie, reprit
Clémence, l'idée de ton poème est vraiment fort ingénieuse,
nul doute qu'elle ne paraisse telle Ă  ses lecteurs... Mais
pardonnez-moi, bons amis; si je ne puis vous garder plus
long-temps.... Je suis forcée bien à contre cœur de vous con-
gédier, Messire Dupeyrat doit bientôt se trouver céans
pour me faire ses adieux ^ et      — Allons^ c'est assez, Clé-
mence; je conçois parfaitement, et je te dispense d'excuses...
N'est-il pas vrai, maître Marot, que vous comprenez à mer-
veille le motif de notre renvoi... Certes! ma douce Clémence,
ton chevalier et défenseur, Jean Dupeyrat, est le plus féal
capitaine de France et le plus gentil débaucheur de dames
delĂ  province lyonnaise,.. Vrai! si ce n'Ă©tait ton futur Ă©poux,
je le voudrais pour mon amoureux présent...— Toujours