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brer notre arrivée à sa manière et conformément à son ca-
ractère national, la ville sarde en mettant ses cloches en
branle, la ville française par des délonnations de boîtes et
de mousqueterie. Lorsque l'Abeille approcha du débarcadère
sur lequel était rangée une masse compacte et bigarrée d'hom-
mes, de femmes et d'enfants, de vives acclamations saluèrent
l'auteur de l'entreprise, nouveau Christophe Colomb, qui, s'il
n'avait pas découvert ce nouveau monde, avait du moins
ouvert pour lui un avenir nouveau. Les autorités constituées
de l'endroit, sans distinction de gouvernement et de nation.,
vinrent féliciter M. Perret.
    A Seyssel, finit la navigation ordinaire du fleuve. C'est à
une demi-lieue en amont que commence cette gorge affreuse,
impraticable, qui va jusqu'au delà de Belle-Garde, et dans
laquelle le Rhône s'engloutit tout entier dans la saison des
basses eaux, pour reparaître limpide et presque tranquille
dans la plaine où se trouve la ville de Seyssel. Tout le monde
connaît, au moins par des descriptions, la perte du Rhône ,
 les accidents qui caractérisent, dans cette partie de son cours,
 son lit et celui de la Valserine, l'un de ses affluents. On sait
comment le fleuve qui coule encaissé entre de hautes mon-
 tagnes, a un double lit, l'un qui occupe le fond apparent de
 la vallée, et qu'il remplit seulement dans les hautes eaux ;
 l'autre, creusé dans le précédent par l'action érosive des eaux.
 Ce dernier consiste en une fissure profonde et étroite où il dis-
 paraît, pendant la saison de la sécheresse, en laissant à sec
 le lit supérieur, et dont les bords sont si rapprochés, qu'en
 plusieurs endroits un homme aussi hardi que leste peut fran-
 chir d'un saut cet abyme, et qu'une simple planche placée
 en travers du fleuve peut servir de pont. On sait aussi que la
 perte du Rhône est produite par une accumulation de rochers
  qui se sont probablement écroulés des montagnes voisines,
  etquis'arcboutent mutuellement en prenant pourpoint d'ap-
  pui ,tes parois de cette gorge.
   Ce qu'on sait moins communément, c'est que celle partie