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pie. A supposer donc que l'abbaye d'Ainay fût dégagée vis-
à-vis ceux-là qui prenaient en main les droits des Israélites
d é t r u i t s , elle se trouvait forcément débitrice des malheureux
épuisés par l'usure. Mais pourquoi demander au onzième
siècle l'application d'une justice si saine? Ces monastères q u i
s'engraissaient chaque jour davantage de la substance publi-
que ne tenaient-ils point lieu de peuple , et d'ailleurs n'ache-
taient-ils pas les crimes par des prières ? L'archevêque Hali-
nard fit bien.
    En v é r i t é , j'ai raison de dire que le silence de plusieurs
siècles gardé sur les Juifs par les historiens de Lyon cache de
nombreuses iniquités, et nos pères ont été sages en se tai-
s a n t , puisque deux mots échappés par hasard aux lèvres
d'un mourant ont soulevé le voile qui soulevait des cri-
mes.
    A défaut de documents puisés dans les Archives religieuses
ou civiles des Lyonnais, je fixerai mes regards sur le trône de
France. Descendue de là^ la persécution , circonscrite et p r u -
dente d'abord , prend soudain d'effrayants développements ;
 quelquefois elle s'arrête pour redoubler ensuite; puis bientôt,
 redoublant de toute p a r t , elle submerge le r o y a u m e , fati-
gue les patients efforts du Juif, et finit par le jeter tout-à-
 fait sur la terre étrangère. Suivons des yeux la lutte.
     Le premier décret qui me frappe est celui lancé par Phi-
 lippe I e r , en 1096. A celte é p o q u e , se remuaient les grands
 éléments des croisades. Ce n'est pas ici le moment de faire
 le procès ou le panégyrique de ces expéditions désastreuses.
  Ces guerres, justes à mes yeux dans leur p r i n c i p e , puis-
  qu'elles étaient inspirées par un sentiment de confraternité
  c h r é t i e n n e , échouèrent devant les trahisons, les mauvais
  vouloirs, l'affaiblissement de la pensée catholique, et plus
  encore devant les ambitions respectives des puissances guer-
  royantes. On a tellement calomnié cette lutte de la chré-
  tienté contre l'oppression m u s u l m a n e , que j'ai cru devoir
  payer ce dernier tribut au dévouement malheureux de la