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pellent celles de Diday ; leur surface polie mangue naturelle-
ment de transparence; en revanche, cette masse de rochers
à droite se dessine admirablement sous son voile de vapeurs
légères. Le sentiment de repos du moment choisi par l'ar-
tiste s'exhale bien sous la touche plus prestigieuse que vraie
du peintre.
   Ces jours-ci, vient de paraître un nouveau paysage de
Coignetque, pour ma part, je préfère aux deux autres. Le
groupe d'arbres du milieu est vigoureusement planté, et
 quoiqu'il y ait peu d'horizon, le pays est bien composé. C'est
de la peinture facile, séduisante à l'œil, un peu crue et lourde
dans certains détails. Maisau moins je trouve là une fraîcheur
de ton, un sentiment bien accentué, que je cherche en vain dans
les productions de certaines réputations parisiennes. Vrai-
ment, j'ai beau me battre les flancs, impossible de m'extasier
devant les paysages deM.Lapito. Passe encore pour une petite
vue de je ne sais quel endroit, où les terrains sont assez gras-
sement faits ! mais sa vue, prise dans les environs de Digne,
ne m'inspire qu'un fort médiocre intérêt. Qu'on se figure
une grande masse de terrains éboulés de droite et de gau-
che formant ravin , un petit bout de perspective, une lu-
mière jaunâtre, le tout d'une couleur lâchée, et rien de la
chaude nature du Midi!
   Souvent des beautés de premier ordre demeurent enseve-
lies dans l'obscurité du nom qui les a produites. Ainsi, per-
sonne n'a fait attention au petit paysage avec baigneuse, de
M. Bucquet, et moi-même j'ai passé devant bien des fois sans
m'arrêter; pourtant il y a dans ce petit tableau un mérite
qui manque à bien des célébrités. Les fonds et le ciel sont
admirables de lumière , de transparence , de finesse et d'as-
pect. Je ne connais pas M. Bucquet, mais d'après certaines
parties de ce tableau, on peut dire qu'il y a en lui l'étoffe
d'un peintre.
   En revanche, combien d'ouvrages qu'on admire sur la si-
gnature ! et que de facultés qui périssent sous l'étreinte des