page suivante »
AUGUSTE BRIZEUX 33 comme le chant d'une mère, tantôt terrible comme la grande voix de l'Océan en courroux. Dans ce paysage superbe, plein de grandeur et de poésie, tel que l'eût rêvé Brizeux pour encadrer son image, son œuvre simple et pure et sa Muse aux coups d'ailes timides et frémissants vers l'idéal et l'infini, trois poètes de Bretagne parlèrent le matin de leur lloumanille, de leur Mistral, de celui qui avait fait vibrer sous ses doigts la Harpe d'Armorique, Telen Arvor ( i ) . Le soir, on entendit encore deux bretons, Renan, Jules .Simon, puis M. François Coppée, le poète des Humbles, célébrant une des gloires de la Bretagne, moins éclatante que Chateaubriand ou Lamennais, mais encore assez belle pour attirer les regards de ceux qui aiment le talent original et délicat de nos poche minores. M. François Coppée débitait de superbes strophes en l'honneur du poète breton : Pour chanter la Bretagne et sa belle légende, L'écume de la mer et la fleur de la lande, Entre tous la Muse t'élut. Mais, loin des vieux dolmens, loin desflotspleins d'épaves, Nous aussi, nous aimons tes poèmes suaves. Brizeux, Barde d'Arvor, salut ! Oh ! comme il a senti profondément tes charmes, Pays mouillé, touchant comme un visage en larmes t Qu'il vous aimait, landes, rochers, Arbres que l'Océan courbe sous ses haleines, Et vous surtout, Bretons, cœurs forts comme vos chênes, Et pieux comme vos clochers ! (i) C'est le titre de l'un des poèmes de Brizeux en langue celtique, N» i. —Juillet 1899, 3