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                         SAINT NIZIER                      103

 chasser le désespoir du cœur des sinistrés et rendre aux
 vaillants citoyens, accourus pour arrêter le feu, le courage
 qui les abandonnait.
     Ce concours incessant à la chapelle sépulcrale, ces una-
 nimes hommages perpétuellement exaucés, même dans leurs
 manifestations les plus audacieuses et les moins réfléchies,
 cette série progressive de prodiges inouïs, inexplicables à
 la froide raison, si doux toutefois à la piété des simples, si
réconfortants pour l'infortune des humbles,, provoquèrent
dans le titre de cette église une substitution qui survit,
depuis plus de treize siècles, à toutes les ruines et à toutes
les réédifications.
     Ce lieu, un des plus vénérables par son antiquité et ses
traditions, qu'on se plaît à considérer comme le berceau de
"la foi lyonnaise, dont le sol aurait porté le premier autel
érigé dans la Celtique, passa sous l'invocation du saiqt qui
dormait sous ses dalles et il devint le monument impérissable
de sa gloire immortelle. L'évêque Patiens, en célébrant sa
dédicace solennelle, l'avait consacré'a.ux bienheureux apôtres;
mais peu à peu ce vocable disparut et s'effaça; celui-là fut
justement le maître et le possesseur unique du sanctuaire,
qui le remplissait de la multitude de ses visiteurs, de
l'éclat de ses miracles, des signes retentissants de ses
vertus miséricordieuses et de son magnifique pouvoir.
     Cette révolution liturgique s'opéra avec lenteur et dut
se heurter à des difficultés de plus d'un genre. L'autorité
 ecclésiastique, pourquoi le cacher ? loin de l'approuver, la
 combattit avec des raisons et des moyens qui en accélérèrent
 l'issue. Les coutumes les plus respectables, les plus précieux
souvenirs cédèrent devant les désirs populaires et la logique
de la reconnaissance ; le langage acheva enfin d'imposer
 par la force de l'habitude ce que le sentiment général avait