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50 AUGUSTE BRIZEUX théiste ou même chrétien, était un beau caractère : timide, ombrageux, farouche, sauvage même, mais fier et indé- pendant. « Oh ! que de choses à dire, écrivait au lendemain de la mort de Brizeux M. Audren de Kerdrel, sur l'indé- pendance de son caractère, le plus noble que j'aie jamais rencontré, sur cette pauvreté volontaire, qu'il avait non pas subie, mais choisie, comme le. meilleur port en ce monde pour ceux qui mettent au-dessus de tout les ineffables jouissances d'une conscience tranquille, les délicates satis- factions du respect de soi-mêm;. » ' Mais ce qu'il y avait de plus remarquable en Brizeux, c'était son coeur, sa sensibilité délicate, exquise, profonde. Il aimait tendrement « ses deux mères », surtout « maman Boyer ». Ecoutez-le qui lui dit : Si je ne t'aimais pas, qui donc pourrais-je aimer? Quand ton cœur au mien seul semble se ranimer, Lorsque, dans tout le jour, peut-être, il n'est point d'heure Que la pensée aimante autour de ma demeure Ne vienne, redoutant mille lointains périls Et les chagrins sans nombre et dont souffre ton fils ? Et lu m'écris ahrs Pour forcer ma paresse à de nouveaux efforts ; C'est mou sort, c'est le lien, au besoin tu m'en pries, Et qu'il faut triompher de ces sauvageries, De cesfièreshumeurs, de ces hauteurs de ton, Que me transmit mon père avec le sang breton. Puis, viennent de ces riens, de ces mots, de ces choses, Que toute femme trouve, en écrivant, écloses, Qu'on baise avec transport et qu'on relit tout bas. Oh! qui pourrai-je aimer, si je ne l'aimais pas ? ( i ) . (i) Marie. M. Lecigne aurait pu citer ces beaux vers.