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84 SAINT NIZIER Notre appréhension serait bien plutôt d'affaiblir les couleurs du tableau et de ne parvenir qu'imparfaitement à en repro- duire les traits, dessinés avec tant de sincérité et d'émotion filiale. Je crois légitime d'expliquer par la bonté le crédit et la popularité de saint Nizier; elle nous livre le secret de son action sur son diocèse, du succès de ses prédications, de l'efficacité de ses prières, du don même des miracles qu'il portait partout où il allait et dont ses cendres furent longtemps honorées. La bonté fut sa vertu de naissance, de prédilection et de grâce, le fond de sa nature, l'inspiration de sa conduite, la source intarissable de ses largesses et de ses prodiges. Prenez la peine de le suivre dans la demeure paternelle, au milieu des siens, sur son trône épiscopal, dans le tombeau où il fut enseveli avec tant de larmes et de regrets, partout il est constant avec lui-même : enfant humble, prélat bienfai- sant, thaumaturge secourable, il tire sans cesse de son cœur les trésors d'amabilité, de compassion, de dévouement et de miséricorde dont il surabonde; personne n'accourt vers lui, sans être exaucé dans sa requête, protégé dans son inno- cence, soulagé dans sa faim, encouragé dans ses espérances et dans ses vœux. A l'école du grand Apôtre, il s'est fait tout à tous et il les gagne tous à Jésus-Christ : jusque par delà les portes de la mort, tout poudre que son cadavre est devenu, il ne peut demeurer insensible aux plaintes de sa clientèle accoutumée qui l'assiège : il sèche les pleurs, il redresse les membres, il chasse les démons. Voilà le modèle des évêques, le plus tendre des pères, le plus compatissant des intercesseurs. Caractère, œuvres, prodiges, tout révèle dans ce célèbre pontife le parfait imi- tateur du Maître qui a dit : « Venez tous à moi et je vous.