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                   PROMENADE AU SALON                     303

blanc et le noir s'accommodent à merveille du tempérament
de l'artiste et comportent une facture qui n'est plus admis-
sible en peinture. Le bleu, le rouge, le vert et l'or ne
doivent pas se distribuer à coup de pouce. La nature, ce
maître par excellence, y met plus de soin, et il ne faut pas
faire un tableau comme un vitrail. Je donnerais les deux
toiles de M. Appian et plusieurs autres avec, pour son
fusain, l'Étang (17).
   M. Beauverie n'est pas l'homme des rutilances ; il aime
les clairs de lune, les matinées enveloppées de brume et les
ciels voilés. De ses deux tableaux, les Bords du Lignon (60),
est le plus goûté, le plus bourgeoisement classique ; mais je
préfère le Gourd du Crouel (59), avec ses lointains qui
font rêver. D'ailleurs, chez cet artiste, les seconds plans
valent toujours mieux que les premiers.
   Vous avez peut-être, comme moi, cherché M. Saint-Cyr
Girier le premier jour. Plus de bouleaux, plus de rameaux
roussis par l'automne, plus de feuilles mortes, couvrant une
superficie d'un mètre sur deux. On le retrouve dans un tout
petit paysage (406), que je mets bien au-dessus de ses
grandes machines et pour lequel je réclamerai seulement
une facture un peu plus serrée.
   M. Bidauld, lui aussi, a délaissé les grands horizons du
Bugey et s'est essayé aux sous bois. Je ne m'en plains nulle-
ment, et dans le Furan à Roussillon (90), je retrouve les
qualités qui font aimer ce sincère paysagiste.
   L'article soigné et fini, c'est la spécialité de M. Lortet.
Les montagnes avec leurs accessoires, sapins, chalets,
troupeaux, sont d'ordinaire un peu artificielles, mais on se
prend à regretter qu'en réalité elles ne soient pas ainsi. On
peut s'y promener en fraîche toilette et sans plus se fatiguer
qu'à faire le tour d'une pelouse. C'est à se demander, en