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82                     UN ÉPISODE LYONNAIS

aucune nouvelleté n'advienne en sa bonne ville. » Soup-
çons mal fondés et injurieux pour les Lyonnais qui, ayant
eu vent de la lettre du Roi à Leviste, manifestèrent le plus
vif mécontentement. Hé ! quoi, on doutait de leur patrio-
tisme, on les croyait capables de nommer des conseillers
« autres que bons ! » Les prenait-on pour des Parisiens ?
Jean Leviste fut obligé, pour les calmer, de désavouer la
lettre royale, en proclamant tout le premier qu'il n'était nul
besoin, pour que Lyon vote bien, que ni lui ni aucun autre
agent du gouvernement y fît de la pression officielle ; la
vérité étant que les habitants de cette ville « ont été tou-
jours et sont en bonne obéissance envers le Roy, notre
Sire (9). »
   En restant, malgré tout, les « bons et loyaux sujets de la
Couronne de France », les excellents négociants lyonnais



   (9) Archives de Lyon, BB, 378. Lettre du roi Charles VI portant
recommandation à Jean Leviste, chevalier, docteur es lois, l'un des
conseillers de la ville de Lyon, de conserver sa charge dans le cas où
il serait réélu en décembre 1417 de s'opposer de tout son pouvoir à
l'élection de conseillers nouveaux qui seraient partisans du duc de
Bourgogne et de faire en sorte « que ils soient eslus féables et bons à
Nous et tels que par leur élection aucune nouvelleté n'avienne en notre
dite ville... » Autre lettre enjoignant au seigneur de Bonnay, bailli de
Mâcon et sénéchal de Lyon de protéger Jean Leviste, qui avait pour
mission spéciale de surveiller l'esprit public à Lyon et de résister aux
tentatives qui s'y pourraient tenter contre le Royaume et au préjudice
du pays. Mécontentement des conseillers et notables relativement à ces
mesures qui mettaient leur fidélité en doute. Désaveu de certains
termes de la lettre d'Etat, par Léviste lui-même « qui sçait bien et est
vray que les habitants de ladite ville ont esté toujours et sont en bonne
obéissance envers le Roy, notre sire, et en telle obéissance qu'il n'est
pas nécessaire "que ledit chevalier ni autre fasse résidence en ladite
 ville, etc. »