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UNE SOIRÉE DANS L'AUTRE MONDE Constantine, 23 janvier 1887. E toutes les villes de l'Afrique française, Constan- tine est certainement la plus curieuse. Ville ancienne, éloignée de la mer, elle a pu garder son caractère arabe sous la domination des Turcs. Ses beys, presque indépendants de la métropole algérienne, étaient soumis seulement à un tribut annuel payé à regret. Aussi a-t-elle toujours été habitée par des Arabes de familles nobles. Jusqu'à sa prise par les Français en 1837, la cité était divisée en quartiers ou clans se disputant l'influence politique et surtout religieuse. Chacun de ces partis avait dans les tribus voisines et même jusqu'au désert, des alliés de sang et de race prêts à les soutenir au besoin dans leurs querelles. Cette prédilection des Arabes de grande tente pour Constantine existe encore de nos jours, et les plus importantes tribus de la province, des montagnes de la Mahouna et de l'Aurès aux plaines de Biskra et de Tuggurt sont représentées dans cette ville par des chefs ou des alliés. C'est là qu'il faut chercher les restes de l'ancienne vie K° é. — Juin 1887. 28