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LE 394 RELIQUAIRE agréable à qui que ce soit, dire tout simplement ce que nous avons éprouvé, quand nous écoutions M. Armand- Calliat, l'âme sur les lèvres, raconter son poème; et si quelqu'un trouvait que notre admiration va trop loin, nous ne voulons qu'une excuse : notre absolue sincérité. Mais avant d'étudier le reliquaire de Carthage, il faut en quelques mots expliquer son origine. On raconte que, le jour même où Louis IX expirait sous les murs de Tunis, le 25 août 1270, Charles d'Anjou arrivait avec une flotte de secours. A peine débarqué, et avant d'être averti de la catastrophe, il court à la tente royale, et voit tout d'abord son frère, encore étendu sur le lit de cendre où il avait voulu mourir. Cependant, après de brillants succès, qui permirent d'imposer au roi de Tunis un traité honorable pour nos armes, l'expédition chrétienne reprit la mer : c'est alors qu'on fit deux parts des dépouilles mortelles du saint roi. Le corps fut inhumé à Saint-Denis, et y dormit en paix jusqu'à la Révolution; le cœur et les entrailles, donnés à Charles d'Anjou, furent confiés par lui à l'abbaye de Mon- réale, en Sicile, où ils furent visités et scellés de nouveau, le 1" juillet 1843. François II, quand il fut chassé de son royaume de Naples, emporta ces restes précieux, et les offrit plus tard au cardinal Lavigerie. A ce moment-là même, un comité catholique, sous la présidence de M. le comte de Buisseret, s'organisait pour aider le cardinal à bâtir une église à Carthage, à peu près à l'endroit où Louis IX mourut. On pensa tout de suite à déposer le cœur de saint Louis dans la nouvelle basilique, et à l'enfer- mer dans une châsse digne de la France et de nos vieilles gloires chevaleresques; mais cette fois, on ne voulut s'adresser qu'aux plus illustres familles de l'ancienne France, aux fils des Croisés; leurs noms, — celui de M. le comte