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366            LES ALIÉNÉS DEVAKT L'OPINION

social, sans que l'intervention de la justice ait lieu de
s'exercer. Le matelot sur un navire, le soldat en campagne,
de nombreuses classes d'ouvriers sont privés plus ou moins
de cette prérogative. Indépendamment de la folie, beau-
coup de cas de maladies entraînent les mêmes consé-
quences. Celles dont le délire, le coma constituent un des
symptômes : les paralysies plus ou moins localisées; en un
mot, les maux quels qu'ils puissent être, aigus ou chro-
niques dont l'effet est de mettre ceux qui les endurent à la
merci de leur entourage, se trouvent dans des conditions
analogues; devra-t-on se pourvoir d'un jugement à leur
égard ? Leur état devra-t-il donc être soumis à la juridic-
tion des tribunaux et appeler l'ingérence de la justice au
sein même du foyer domestique ?
   Le motif que l'on invoque pour justifier une mesure
aussi grave n'est en réalité et comme je viens de le dire,
qu'un pur sophisme, puisque, sans rien ajouter aux garan-
ties existantes, elle change en pénalité, une situation qui
ne devrait être qu'hospitalière... La suppression des abus ne
saurait non plus être invoquée comme prétexte, comme s'il
suffisait d'un changement de juridiction pour les faire
disparaître.
   Les abus sont une conséquence fatale des imperfections
de notre nature, dont personne n'est exempt. Rien ne peut
autoriser à faire de la droiture et de l'intégrité, l'apanage
exclusif d'une profession ou d'une condition sociale et l'on
se demande pourquoi la conscience du médecin serait
moins à l'abri des défaillances que celle du magistrat ou du
jurisconsulte. L'expérience le confirme, car l'enquête la
plus rigoureuse n'a pu démontrer l'authenticité d'aucune
séquestration arbitraire dans les asiles. Il en serait certaine-
ment de même sous l'empire de la nouvelle loi ; mais on