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356         LA PESTE A SAINT-GENEST-MAL1FAUX

 le proposa encore et pria M. le Curé de le dire au prosne,
 lequel le dit par trois dimanches, enfin on s'assembla, et
 celui-là proposa des moyens faciles pour le faire et pour
 rassembler les corps; mais on y vit si peu d'affection que
 chacun se déroba de ladite assemblée et qui fut mort fut
 mort. Il est à noter que un qui avoit un grand pouvoir en
cette action en une seule parole dégoûta toute ladite assem-
 blée, mais de là à quelques jours un sien jardin servit de
 cemetière à un sien granger.
    Ce ne fut pas une petite faute de ne faire point de cime-
tière., car il y eut beaucoup de corps déterrés par les loups
et par les chiens, et beaucoup seront perdus, sur lesquels
l'avarice a fait labourer la terre, et aussi on a ouï des cris
épouvantables sur lesdits corps et des tintamarres dans
 diverses maisons.
   Si j'eusse eu un grain d'humilité, j'eusse mis ici mes
excès et mes fautes qui eussent sans doute tenu des pre-
miers rangs, mais mon orgueil me les fait taire; je supplie
la bonté infinie me les vouloir pardonner.
   Toutes ces choses considérées, il faut croire que la vraye
cause de la peste, ce sont nos fautes et péchés, puisque
l'Ecriture Sainte le dit exprès et l'expérience le fait voir, et
finalement qu'il est de justice que tant de crimes soient
châtiés. Encore est-ce une grande miséricorde que parmi
tant de châtiments, le bon Dieu nous donne le temps de
nous repentir, voire même il s'en est va tout plein de ceux-
là même qui ont commis de ces crimes que Dieu a préser-
vés de touts dangers jusques à présent, pour avoir tout
loisir de faire pénitence, mais s'ils ne la font, il leur garde
les peines éternelles de l'enfer.
                                          J.-B.   VANEL.
          {A suivre..')