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BIBLIOGRAPHIES LYONNAISES 327 les dieux et les déesses sont multipliés en Chine à l'infini. Mais, ancêtres et dieux sont représentés sans cesse sous les mêmes formes ; on leur offre, aux mêmes époques, les mêmes sacrifices, c'est sous les mêmes noms qu'on les désigne; les uns et les autres, également, ont le même pouvoir de bénir et de châtier les vivants. Les deux cultes se confondent. Telles sont donc l'origine et la base des doctrines religieuses de la Chine; plus tard, les systèmes s'y superposeront, mais sans en étouffer les principes. Confucius ne parle pas des dieux , Lao-Tseu les accepte tous, et en crée encore de nouveaux ; mais tous les deux se rencontrent sur un terrain commun, grâce auquel leurs doctrines ont pu jusqu'à nos jours coexister paisiblement : le culte des ancêtres. Le bouddhisme pénétre ensuite en Chine; sa doctrine, qui est celle du renoncement au monde, c'est-à -dire du rnonachisme et du célibat, est contraire à l'esprit du confucianisme; son culte polythéiste, qui se confondra plus tard avec le culte tooïste, tant qu'il n'est pas fondu avec lui, peut paraître une superfétation ; et cependant, la Chine de Confucius et de Lao-Tseu accueille le bouddhisme. C'est que, en déve- loppant les notions de la vie future, il ravive le culte des ancêtres, et ce sont ses moines qui deviennent les prêtres de ce culte. Ainsi, trois religions se partagent la Chine, et elles y vivent sans conflit. C'est que la nation chinoise, indifférente aux dogmes, ne s'est jamais préoccupée que de la morale des sectes qui surgissaient dans son sein; c'est qu'au fond, une seule pensée l'intéresse, qui est la base et le substratuum de toutes ses croyances religieuses. Et cette pensée, c'est celle qu'il faut honorer les ancêtres. M. de Groot établit d'une façon lumineuse cette genèse des religions chinoises. Ajoutons que pour augmenter encore l'intérêt de son œuvre, l'édi- teur l'a enrichi de nombreuses représentations de dieux, reproduites en photogravure d'après les pièces les plus importantes des collections de M. Emile Guimet. G. S. ——^V\AAAAAAAAAAA^^—