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                            BIBLIOGRAPHIE                              239
choses morales ? Le cadre saillit et les figures restent un peu vapo-
reuses. Je vois vaguement les personnages du Refuge, tandis que je
vois si bien le Refuge lui-même. Peut-être cela tient-il à ce que, dans
l'ordre matériel, l'auteur, lui aussi, « voit », tandis que dans l'ordre
moral, probablement, il « imagine "; or je suppose qu'il doit être austi
difficile d'imaginer en littérature, qu'en peinture de peindre sans nature.
— Me trompé-je ? Est-ce pour cela que les figures du Refuge, de la
Cigale blanche, du Rhône rouge m'apparaissent un peu diffuses, tandis
que Arsène Guillot, l'abbé Aubin et les deux personnages du Vase
étrusque, de Mérimée, m'apparaissent si vivants ? Je ne puis me persuader
que l'histoire du Rhône rouge soit arrivée, comme disent les bonnes gens,
tandis que j'ai toutes les peines du monde à ne pas croire à l'invrai-
semblable récit de la Vénus d'Ile. Il est vrai qu'en retour je suis absolu-
ment certain que la Nourrice de M. Avias a existé. Je dois même
l'avoir rencontrée quelque part. Mais voilà : la simple réalité ne suffit
pas à intéresser; et cette nourrice idiote et sa masse de chair ne m'ins-
pirent d'autre intérêt que celui du style dans lequel elles sont décrites.
   De tout ce que nous avons dit, trop longuement peut-être, il ressor-
tira suffisamment, croyons-nous, que le talent de M. Avias est de ceux
dont on pourrait discuter certains côtés, mais qu'il ne serait pas permis
de nier.
                                                          PUITSPELU.




   P. S. — Depuis que ces lignes ont été écrites, M. Avias a donné
de nouvelles preuves d'un talent qui va en s'épurant et en s'agrandis-
sant. Il vient de publier dans les Annules Lyonnaises une nouvelle,
intitulée le Rêve de l'Horloger, exquise de forme et de sentiment, et qui
pourrait être signée Dickens.