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DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES LYONNAIS 221 La merveilleuse histoire de VEsprit de Lyon forme un mince volume de 14 feuilles in-4 0 ancien, moins grand qu'un in-8 moderne. Imprimé à Paris en 1528, il est en caractères gothiques et orné de dix gravures sur bois fort curieuses, non compris celle du frontispice, et qui, par leur style et leur exécution, tiennent le milieu entre l'ancienne école et la nouvelle. Les procédés sont aussi primitifs qu'au xv e siècle, le dessin est aussi dur, le trait aussi rude, aussi cassé, les tailles des ombres aussi insuffisantes; mais l'or- nementation, les détails du mobilier et de l'architecture appartiennent franchement à la première Renaissance fran- çaise. L'artiste était évidemment un maître déjà âgé, mais qui ne repoussait pas les formes nouvelles. Sa gravure n'a pas cet air de jeunesse qui anime les bois de Janot, de Corrozet, de Chrétien Wechel, ni de Geoffroi Tory; mais on devine que la main seule, trop alourdie par l'ha- bitude, n'a pas su obéir à ses efforts. Les lettrines montrent un disparate encore plus sensible : la plupart, à fond criblé ou grisé, sont de vieilles capitales ornées du xv e siècle; quelques autres, à fond blanc, appartiennent au nouveau style. Quant au titre, l'initiale en trait de plume est entiè- rement gothique, tandis que la marque du libraire, repré- sentant saint Jérôme, est due à l'un de ces artistes parisiens qui se formèrent alors sous l'influence des Allemands. Du reste, les caractères, qui appartiennent à de vieilles fontes, sont assez fatigués et, malgré le luxe annoncé par l'abondance des gravures et exigé pour ce livre qui devait être offert au roi, on remarque plus d'une imperfection typographique dans les exemplaires originaux. Si, après avoir étudié l'aspect et les conditions matérielles de l'ouvrage, on s'arrête à l'examen du récit qu'il contient, on comprend mieux encore que le choix de la Société des