Revue du Lyonnais » série 5 - n°3 ( 1887 ) » pp.128

128         FOUILLES DANS LA VALLEE DU FORMANS

le sol même, et sur laquelle les corps ont été brûlés. L'incinération a
été faite au moyen de fascines et petit bois, comme le démontre
l'examen des nombreux fragments de charbon qui sont mélangés aux
cendres. La terre environnante était ensuite rapportée sur le bûcher
pour le couvrir, et on formait ainsi un tertre d'environ 2 à 3 mètres
d'élévation au-dessus du sol. Ce n'est que depuis une vingtaine d'an-
nées que ces tertres nommés TOLA par les habitants du pays, ont été
détruits et à peu près nivelés. Tous les propriétaires que nous avons
interrogés se souviennent parfaitement les avoir vus et conduisent
sans hésiter à leur emplacement.
   Les tumuli qui existaient sur des terrains plantés en vignes ont seuls
complètement disparu, par suite du minage profond qu'exige cette
culture ; mais tous, au dire des propriétaires, ont alors rendu les os,
cendres, poteries, médailles et ornements de bronze qu'ils contenaient
et qui, considérés comme sans valeur, ont été immédiatement dispersés.
   L'ordre de discontinuer les recherches archéologiques dont le service
de la Saône était chargé, nous étant parvenu au moment où les pre-
miers tumuli étaient ouverts, nous avons dû arrêter immédiatement les
fouilles. Il nous a semblé toutefois que les résultats déjà obtenus
(d'ailleurs à très peu de frais) étaient assez importants pour être signalés
à l'administration. Us sont du reste complétés par les indications
fournies par les gens du pays et par la découverte relativement récente
de vastes ossuaires dans toute la vallée du Formans, surtout aux points
marqués F. C. sur le pian. Il a pu même être constaté que tous les
ossements mis à nu par la culture et le minage du sol appartenaient à
des hommes jeunes et de grande taille.
   En résumé, il paraît démontré que le plateau de Riottiers et des
Bruyères de Saint-Barnard a été, à l'époque Gauloise, le théâtre d'une
lutte à la suite de laquelle une grande quantité de Celtes ont été inhu-
més ou incinérés à la hâte.
   Rapproché des considérations développées plus haut, ce fait établit
nettement, selon nous, que c'est sur le plateau de Riottiers que César
surprit et anéantit les Tigurins.

                                  L'Ingénieur des Ponts-et-Chaussées,
                                                      Ch.   CADOT.