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THIERRIAT 481 loin de subir l'opinion publique, espèce de sphinx aux pieds d'argile, fétiche adoré du vulgaire, l'affrontent sans crainte, la contrôlent et la redressent dans ses engoue- ments et ses écarts. Cette méthode différait de celle de ses collègues, de Bonnefond et 'de Vibert notamment. Ces deux hommes de mérite, à plus d'un titre, étaient étroitement unis et sem- blaient vivre en parfaite communauté d'idées. Et pour- tant, bizarrerie de l'esprit humain, pendant que Bonne- fond, affranchi de Revoil, enseignait à faire chaud et préconisait les glacis au jaune de chrome, Vibert, admirateur d'Orcel, bannissait la couleur dans la gravure, comme la pâle école allemande moderne, et contrairement aux démentis de la photographie qui nous montre com- bien la lumière est impressionnable et variée dans ses effets, suivant la nature des tissus qu'elle éclaire. Le velours, le vert, le bleu, le violet tous les tons neutres ne la reflètent pas comme le satin, les couleurs claires, les corps métalliques Vibert enseignait donc à faire froid, pendant que chez Bonnefond on faisait chaud, et ceux de ses élèves qui se sont illustrés dans la gravure, Saint-Eve, Dubouchet, Danguin, Lehmann, Miciol ont dû s'éloigner de sa manière, témoin les œuvres de Saint-Eve, le beau portrait de Grobon par Lehmann et les dernières gravures de Danguin. Cette idée de la suppression de ia couleur dans la gravure et le dessin avait été inculquée à Vibert par Orcel dont il avait subi l'influence à Paris, malheu- reusement selon beaucoup d'artistes et selon le poète qui a dit : « Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre.» Un autre tort de ces professeurs, c'est peut-être d'avoir abrégé la durée des études, sous prétexte que les princi- pes absorbent un temps inutile, comme si l'enfant de 31