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SAINT-SAUVEUR 439 de dix livres, et una coltra de pluma folla. {Cartulaire de Saint-Sauveur, nos 70 et 71.) Si le sire d'Argental eut dû se joindre à quelque Gus- tave Lambert de l'époque entreprenant une expédition au pôle nord, je comprendrais les bons moines de Saint-Sau- veur couvrant de plume leur bienfaiteur pour le préserver des frimas. Mais leur suzerain partait pour l'Orient, pour le pays du soleil, pour la patrie des figuiers et-des cha- leurs torrides : quelle nécessité alors de lui faire présent d'un édredon, à moins que déjà profondément versés dans la science de l'homœopà thie, les donateurs connaissant le fameux axiome : similia similibus curantur, n'aient dit en présentant leur cadeau au seigneur de Pagan : « Croyez- nous, messire, la chaleur vous guérira de la chaleur? » Quoi qu'il en soit, cette donation renferme un but mys- térieux qui nous échappe aujourd'hui et dont la décou- verte fera encore certainement le désespoir de plusieurs générations d'archéologues. Dans vos savantes et patientes recherches, vous avez, monsieur le comte, recueilli, sur cet antique prieuré de Saint-Sauveur, bien de-précieux matériaux, bien d'inté- ressants documents qui, coordonnés avec soin, feraient une complète et attrayante chronique. J'ai essayé, dans une précédente lettre que j ' a i eu l'honneur de vous adresser au mois de juillet 1874, et qui a trouvé dans la Revue du Lyonnais une gracieuse et bienveillante hospitalité, j ' a i essayé d'esquisser à grands traits l'intéressante étude que fourniraient ces ruines ignorées. Aujourd'hui, c'est un vieux titre que je retranscris et que je vous envoie avec le secret espoir que nous vous verrons bientôt élever, pour l'histoire du Forez, un nouvel édifice où trouveront place vos richesses et vos trésors. Ce titre concerne l'établissement à Saint-Sauveur de