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422   .              LA GUERRE DE MORÉE

garnisons dispersées ou anéanties, l'armée égyptienne se
résolut à franchir le Taygète, pénétrer dans la grande et
sauvage vallée de la Laconie et à porter un grand coup
en s'emparant de Tripolitsa, capitale de toute la Péninsule.
Le siège du gouvernement tombé au pouvoir des E g y p -
tiens, le soulèvement était vaincu, la Morée soumise, et
il n'y aurait plus eu à réduire que les bandes vagabondes
retranchées sur les hauts sommets bandes que jamais
aucun pouvoir n'avait pu dompter et contenir.
   Pour franchir la chaine célèbre qui sépare la Messénie
 et la Laconie, pour passer ces cols que traversèrent tant
 de fois les armées de Sparte et*d'Athènes, Ibrahim divisa
son armée. Une colonne prit sa route parl'Arcadie, l'autre
par Léondari. Le sixième régiment resta auprès du prince
 et Soliman-Bey, quoique souffrant, put prendre sa part
 des fatigues occasionnées par les embuscades journalières
 et l'ascension des hauts sommets qu'on avait à gravir.

pant dans chaque village des tours crénelées nommées pyrgos ; ces
chefs se faisaient entre eux une guerre continuelle, comme les sei-
gneurs féodaux du moyen-âge. Les moines grecs prenaient quelquefois
part aux démêlés des capitaines. Il n'était pas rare non plus de voir
des papas ou curés, avec leurs longues harbes, se montrer en public,
le yatagan et les pistolets à la ceinture et déposer ces armes sur l'au-
tel pour célébrer le service divin.
   Quant aux. pyrgos se sont ordinairement des édifices carrés à trois
étages. On met dans le rez-de-chaussée les tonneaux et les provi-
sions ; au premier et au second étage se tient la famille ; au troisième
sont les hommes armés. Chaque étage est percée de meurtrières ; la
porte est à la hauteur du premier étage ; on ne peut y arriver qu'au
moyen d'une planche que l'on pose sur un escalier en pierre placé au
dehors, à six pieds environ des murs du pyrgos. Cette espèce de
pont-leris se retire à volonté, ce qui prévient toute surprise. La
Morée, la Rouménie, l'Albanie, le Magne sont couverts de ces pyrgos,
   La Grèce et les Capodistrias pendant l'occupation française par le
 général de division Pellion. p. 27.