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                    LA GUERRE DE MORÉE                      417

y fut massacré. Stavros et Sahinis coururent à une
chapelle où on avait entassé des munitions ; ils firent sau-
ter la chapelle et périrent sous les décombres. Le reste des
Grecs était étendu sur le champ de bataille. Mais nombre
d'Egyptiens avaient aussi péri ; le sixième régiment avait
payé sa gloire avec des flots de sang. Le plus audacieux
de tous, celui à qui on devait la victoire, Soliman Bey,
salué des acclamations de ses soldats, était blessé ; un coup
de sabre lui avait percé la cuisse et, souffrant cruellement,
ne pouvant plus se mouvoir ni se tenir debout, il se vit
dès le commencement de la campagne contraint à l'inac-
tion et au repos. Malgré une opposition désespérée, on
le transporta loin du camp, loin de ses soldats et de ses
amis, à Modon, où les chirurgiens européens lui donnèrent
les soins les plus dévoués. Pour un homme ardent comme
lui, l'ambulance était plus redoutable, plus terrible
encore que la bataille.
   L'ilot était au pouvoir des Egyptiens et les deux Nava-
rins étaient pris à revers. Les huit vaisseaux de l'escadre
privée de son chef voulurent prendre le large et coupè-
rent leurs amarres. Six, à la faveur de la nuit, réussirent
à s'échapper. Les deux autres tombèrent entre les mains
des Egyptiens et furent conduits à Modon avec tous les
blessés.
   L'affaire avait été si audacieuse et si belle, elle avait été
si vigoureusement enlevée qu'elle valut les plus chaleu-
reux éloges au sixième régiment tout entier, mais surtout
à son organisateur, h son chef dont la témérité avait dé-
cidé de la journée.
  L'histoire ne doit oublier aucun détail. Un tombeau
a été élevé plus tard au comte de San ta-Rosa dans la grotte
même du roi Nestor, hommage bien dû à la mémoire de
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