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LA GUERRE DE MORÉE 407 disait de concevoir espérance. Sa vie, depuis son enfance, n'avait été qu'une lutte qui, de succès en succès, l'avait conduit au trône. Pourquoi la Fortune lui serait-elle con- traire, au point élevé où il était parvenu ? pourquoi cesse- rait-elle d'être propice après avoir tant fait pour lui? Comme son père et plus encore, Ibrahim-Pacha était plein d'espérance, de confiance et d'ardeur. Si l'audacieux Miaulis avait triomphé des escadres du Sultan, oserait-il se mesurer avec les beaux navires si bien gréés, si bien commandés de la flotte égyptienne ? Des bricks de vingt canons, des goélettes fragiles pourraient-ils tenir contre la puissante artillerie des Africains?le carré des offi- ciers témoignait de la même sécurité et sur toute la flotte ne régnait qu'une seule inquiétude, celle que- l'ennemi ne • parût pas. Parmi les plus heureux d'e cette armée superbe était certainement Sève, Soliman-Bey, dont les souvenirs mari- times étaient ravivés parle spectacle enchanteur qu'il avait sous les yeux et dont l'audace expansive et bruyante sem- blait promettre les plus héroïques exploits. C'est à ce dia- pason élevé qu'étaient d'ailleurs montés tous les esprits. Les premières nouvelles qui arrivèrent de la flotte turque vinrent tempérer cette belliqueuse effervescence. Miaulis avait encore passé par là . L'ennemi n'avait pas fui ; au contraire, il avait paru la torche à la main. Le 15 août, en effet, pendant que les Egyptiens croi- saient dans les eaux de Rhodes, Rhodes, la rose de l'archi- pel, qui porte une rose dans ses armoiries, Rhodes la mère heureuse de Naples et de Marseille, si gracieusement a s - sise entre l'Europe et l'Asie, tenant à l'une par le clima.t comme à l'autre par ses souvenirs, pendant que les Afri- cains donc attendaient avec impatience les Ottomans qui