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404 LA GUERRE DE MORÉE Gravière, Tine, Syra, Naxos, Santorin, n'avait pas été ébranlée par l'insurrection du Péloponèse; les catho- liques étaient trop disposés à rendre à César ce qui lui était dû. » Nous voyons à ce calme deux causes: les populations catholiques, moins turbulentes, avaient eu moins à se plaindre de la loi rigoureuse des Turcs ; elles avaient moins le désir de faire partie des provinces russes, de s'allier à la grande nation et de se laisser absorber par elle. L'or de la Russie fut moins prodig'ué dans leur sein, peut-être parce qu'il fut plus dédaigné. Mais en mettant le pied sur cette terre fameuse, mère de la civilisation latine, nous sommes arrêté dès le premier pas. Comment nommer ces villes, ces fleuves, ces montagnes que nous apprirent à connaître la fable, la poésie, et les récits gracieux de l'antiquité ? Est-ce à Cérigo que naquit Vénus ? nous n'avons jamais connu que Cythère. Est-ce à Dili ou à Délos que fut le ber- ceau de Diane et d'Apollon? Jamais Minos ni le grand Idoménée ne régnèrent à Candie ; ce n'est point non plus dans cette île obscure que les Corybantes élevèrent le jeune Jupiter ; c'est en Crète que régna la sagesse et que s'écoulèrent les cycles fabuleux de l'âge d'or ; le cap Colonne ne dit rien à mon esprit et ne réveille nul- lement dans ma pensée les enseignements du divin Platon. Ainsi que nous, l'amiral Jurien de la Gravière, obligé de parler de la guerre de l'indépendance, fut embarrassé. Comment, clans un récit moderne, conserver les noms anciens ? comment oublier les noms anciens en face du Péloponèse, en présence d'une terre toute palpitante de si poétiques souvenirs? « Il m'arrivera souvent, dit-il, de désigner les villes, les territoires, les îles, les provinces tantôt sous leur