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                         TMERRIAT                       371

sol. Le pliant glisse et Thierriat tombe dans l'espace;
mais souple comme un chat, il se retourne et tombe
sur les pieds et les mains, sans se faire aucun mal.
Le sacristain de Brou fut moins heureux. En passant,
peu de temps après, sur la même corniche, la tête
alourdie par le vin, il glissa si malheureusement qu'il
se brisa le crâne sur la pierre.
   Un jour d'été, Thierriat se baignait à l'Ile-Barbe. Il
plonge dans un endroit très-profond et se trouve pris
dans un amas de plantes aquatiques dont les longues
feuilles l'enlacent de toutes parts au fond de l'eau, comme
les mille bras d'une pieuvre gigantesque. Sans perdre la
tête, il comprend qu'il est perdu s'il se débat, car tous
ses mouvements auront pour résultat de l'enchaîner
davantage ; il reste donc immobile, attend que le fil de
l'eau ait détaché peu à peu les longues feuilles collées
contre son corps, se dégage enfin et reparaît à la sur-
face pour aspirer une large bouffée d'air dont il avait
grand besoin.
   Son vieil ami, M. Chenavard, m'a raconté dernière-
ment que Thierriat avait eu l'imprudence dans sa jeu-
nesse de vouloir escalader l'un des bastions de la Croix-
Rousse, pour simuler une prise d'assaut. Arrivé presqu'au
sommet en grimpant des pieds et des mains contre le
glacis gigantesque, il sent le terrain désagrégé céder
sous ses doigts, et reste un instant suspendu dans l'espace,
sans pouvoir ni descendre ni monter. Heureusement pour
lui qu'un visiteur se trouvait sur le sommet du même
bastion plus abordable d'un autre cOté ; il aperçoit cette
tête d'enfant luttant vainement pour atteindre le sommet,
lui tend une main vigoureuse et l'amène en terre ferme.
Mais avant de lâcher le jeune imprudent, il leva sa
 canne, et lui infligea une rude correction qu'il avait bien
 méritée.