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                         THIERRIAT                      365

plus précieux, au point de vue de l'art, fourmillaient alors
chez les revendeurs et les bouquinistes. Thierriat vit des-
cendre sur la Saône trois grands bateaux chargés de livres
provenant "du pillage de l'abbaye de Cluny. Ces livres
restèrent longtemps entassés sur le quai Saint-Antoine,
exposés, jour et nuit, à tous le3 temps. De rares amateurs
y venaient acheter, moyennant quelques sous, les plus
beaux ouvrages. Le reste, quand vint l'hiver, fut soldé en
bloc à une grande maison de librairie de Lyon, qui l'en-
fouit dans un vaste sous-sol de la rue Mercière. C'est là
que Revoil venait avec son jeune élève Thierriat déterrer,.
dans l'ombre et la poussière, quelque précieux ouvrage,
et ils étaient heureux quand ils avaient sauvé de la pour-
riture et des rats ces malheureux débris.
   Le pillage de l'abbaye de Cluny a été l'objet d'un blâme
de la part de Napoléon I er . Passant à Mâcon pour aller à
Milan placer sur son front la couronne de fer des rois lom-
bards, il fut sollicité par une députation de Cluny de ve-
nir visiter cette ville. Il répondit alors aux délégués :
« Vous possédiez un monument remarquable, une grande
« et belle église , œuvre d'art qui méritait d'être respec-
« tée. Vos habitants l'ont ravagée et pillée ; ils ont dis-
« perse les richesses qu'elle contenait, ce sont des van-
« dales : je ne visiterai pas Cluny. » Nobles et belles
paroles, bien dignes du génie réparateur de celui qui les
a prononcées.
    En 1814, l'Europe coalisée s'élance contre la France
épuisée par l'expédition de Russie. L'empire est renversé ;
les Bourbons rentrent, et le sénateur Legendre, qui avait
voté la mort de Louis XVI, est proscrit comme régicide.
Il fuit à l'étranger, passe secrètement à Lyon, demande à
son neveu Thierriat un asile d'un jour et négocie de3
traites sur Genève chez un banquier lyonnais que Thier-