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MAURES ET SARRASINS 289 vue d'assurer leur retraite lorsqu'ils durent quitter Lyon à l'approche des armées de Childebrand, frère de Charles- Martel, vainqueur d'Abdérame, à Tours et à Poitiers. Ces fameux fossés ont été ouverts dans des temps relative- ment modernes, soit pour faciliter l'écoulement des eaux, soit pour servir de limites à deux juridictions, soit plutôt pour en extraire des graviers destinés à un remblai quel- conque. Le Grand-Trou qui en est voisin, et a donné son nom à un quartier ; les immenses excavations situées non loin de là , sur le chemin des Pins à la nouvelle cité de Montchat, ressemblent, à s'y méprendre, à la sarrasinière,. et ont cette dernière origine. Il ne s'ensuit pas, nous devons l'avouer, que le nom de Sarrasin donné à quelques localités du Midi de la France ne puisse être comme une réminiscence du séjour de ce peuple en ces provinces. Quant aux autres nombreux Sarrasin, Serezin, Serin, Serre et Serrière, leur nom ne saurait élever l'ombre d'un doute : il rappelle, répéterons-nous, soit les rochers, soit les coteaux sur lesquels ou auprès desquels ces localités sont assises. Ils peuvent rappeler aussi le souvenir de ban- dits et de malfaiteurs, les croyances au diable et aux dé- mons, les scènes de sabbat et de sorciers, mais pas du tout l'établissement des Sarrasins. Ces dénominations, qui sans doute sont pour la plupart bien antérieures à l'apparition des Sarrasins en nos contrées, n'ont donc aucun rapport direct avec ce peuple, comme se plaisent à l'avancer certains archéologues, dont la science ne saurait résister à l'analyse étymologique à laquelle nous avons apporté de nouvelles preuves dans notre chapitre intitulé : les Rochers. Baron RAVEBAT. 19