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                        VICTOR DE LAPTUDE                    219
vers siffle la lanière du fouet, et chaque coup s'imprime sur
les chairs.
   Mais Victor de Laprade n'a pas fait de la satire pour le
seul plaisir d'en faire. Ce n'est point par amùur de l'art qu'il
a écrit ses Poèmes civiques, c'est par civisme. C'est comme
citoyen qu'il a ressenti les hontes de la patrie, et c'est
comme citoyen qu'il les a révélées pour les combattre. On
sent courir dans cette derrière œuvre un souffle de patrio-
tisme qui vient de Pernelte, et ce grand souffle poétique y
élève la satire à la hauteur d'un poème.
   Cependant, je lais une réserve et j'exprime un regret.
Une fois, une seule fois, et c'est trop, emporté peut-être
par son sujet, ou cédant h la tentation de l'esprit, (en France,
on se damnerait pour un trait,) le poète le plus sincère et
le plus noble après Corneille, s'est oublié. Il est descendu
jusqu'au pamphlet.
        Laisserez-vous au moins notre bonhomme Claude ?...

   Oui, Tacite de l'an 1861, il faut le laisser, je vous en
prie au nom de votre caractère plein de grandeur, au nom
de votre talent plein d'élévation, au nom même, sans doute,
de la vérité. Vous l'avez dit :
         « Honte à qui sait mentir avec la poésie ! »

   Mais vous n'avez pas voulu mentir; vous vous êtes
trompé. La pente était raide. Vous y avez glissé sans pou-
voir vous retenir. Effacez l'erreur et relevez-vous ! A l'heure
d'engager la lutte,
    « Grains de laisser un traître au-dedans de toi-même !
    Règne en maître absolu sur tes désirs; alors
    Tu peux livrer bataille                     »

   Le second livre des Poèmes Civiques est presque exclu-
sivement composé de chants patriotiques, les uns inspirés