page suivante »
VICTOR DE LAPRADE 217 se changent en ces phalanstères affreux ouverts à l'adultère et d'où s'enfuient l'amour du foyer et le culte de l'honneur. Quand un pays n'est plus que le temple d'un homme, Quand la plèbe et César se caressaient dans Rome, Et s'offraient l'un à l'autre, entoures de flatteurs, Des cirques, des palais et des gladiateurs, Les murs étaient de marbre et lésâmes do boue. (Aux démolisseurs.) Oui, les dieux s'en vont, chassés par les étrangers, et les histrions arrivent. Il faut bien veiller aux plaisirs de l'em- pire. Les muses, payées par lui, non contentes de le flatter, sont devenues ses espionnes. Noble temps, Où la plume demande au sabre son mot d'ordre, Où l'on fait souffleter son Dieu par ses valets ; Où l'on se croit tribun quand on n'est que mouchard. (Les muses d'État. ) Noble temps où, s'il reparaissait un Tacite, on ne man- querait pas de le traiter de gueux; où la fierté, la fidélité, le désintéressement sont chansons d'Annales. Tous les anciens Brutus ont le dos galonné. Temps accommodant où chacun croit... ce qui lui est utile ; où tout est permis à qui tient haut Tépéè. [Ce gueux de Tacite.) Temps plein de sagesse, donnant raison à qui réussit, temps de loisir, joyeux temps où l'État pense, enseigne, écrit pour nous, où nous dînons pour lui. Voici venir les jours de Saturne et de Rhée! Va ! nous ferons de l'homme un heureux animal. (L'âge d'or.)