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212                        VICTOR DE LAPRADE
      0 déplorable ville
      Où ceux qu'un juste chef unirait tous à lui,
      Tous les hommes d'un sang illustre et magnanime,
      S'ils veulent secouer le joug qui les opprime,
      Ébranlent tout l'État dont ils seraient l'appui.


      J'aime que sans fléchir dans sa haine paisible,
      Sans rêver de vengeance et de sanglants exploits,
      On oppose aux tyrans une âme incorruptible
      Et qu'on use leur joug au fer des vieilles lois.

      Quel que soit le vainqueur, la tremblante cquiU
      S'enfuit avec la paix et la miséricorde ;
      Chaque goutte de sang versé par la discorde
      D'une âme généreuse appauvrit la cité. »

  La, c'est Ismène, c'est l'amour le plus pur et le plus tou-
chant qui s'efforce, par ses larmes, d'arrêter le bras d'Har-
modius.
      « . . . . . . . . Pars, ô mon frère, pars !
      Fuis ! ne prolonge pas ta colère inutile.
      Tu fais mal pour ta sœur, tu fais mal pour ta ville. »

  C'est enfin Pallas-Athéné, c'est la divinité elle-même qui
prononce contre le régicide son irrévocable arrêt.
      « O vieillards, il est bon d'exhorter les humains
      A s'abstenir du fer dans les luttes civiles,
      A subir quelques jours un maître dans leurs villes,
      Par la crainte du sang qui tacherait leurs mains. »

  Si Palas-Athéné ajoute :
      « Mais parfois le poignard fait œuvre de justice. »

  Son dernier mot n'est-il pas : Je veux, — et c'est un
ordre, — je veux :
        •
      '< Que jamais, pour venger le meurtre, un meurtrier
      No lève plus le fer dans notre douce Athènes. »