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                           VICTOR DE LAPRADE                     211
 du redresseur de torts, et tells est sa gloire. Aussi fait-il
 dire au sage qui voit les hommes et les choses du haut de
 son expérience :
     a Un prince eût-il dompté tous ses vices à lui,
          Régnât-il sur son âme entière,
     Il demeure assiégé par les vices d'autrui,
     Et de son cœur lucide on éteint la lumière.
     Tous les peuples, d'ailleurs, quand l'âge vient pour eux,
          De vieillir sous la tyrannie,
     Les peuples indulgents aux crimes du génie,
     Ne supporteraient pas un prince vertueux. »

     Ce que j'admire surtout dans ce drame dont le dénouaient
  est l'assassinat d'Hipparque, c'est le sentiment de la modé-
  ration et de la justice le disputant sans cesse à l'amour de
  la liberté:
     Aux longs discours, à la prudence indécise qui précèdent
 l'exécution suprême, aux soins qu'il prend pour dérober a
 notre curiosité la mort du tyran qui ne nous est connue
 que par le court récit d'un témoin, on pourrait penser que
 le poète eût évité cette fin tragique s'il n'eût craint de dé-
 mentir les faits. Il condamne parlout et de toutes les maniè-
 res le meurtre politique. Il s'épuiss en quelque sorte a en
démontrer l'horreur et les redoutables conséquences. Les
voix les plus autorisées, les raisons les plus puissantes sont
pour lui employées à le combattre. Ici c'est le chœur, c'est
la sagesse unie à l'honnêteté qui s'écrie :
    •i Rejetez le poignard, ô jeune magnanime !

   Ce que fait le poignard est défait par l'épée.

   Les vengeances toujours s'enchaînent aux vengeances.

   J'aime la liberté, mais j'abhorre le sang.