page suivante »
ET BREGHOT DU LOT 437 Verger le nom de ce poète qui, en 1720, fut assassiné dans une rue de Paris, en laissant après lui quelques volumes de vers plus ou moins licencieux, fort recherchés aujourd'hui des amateurs et des curieux. Voilà donc le ban et l'arrière-ban des bibliophiles en campagne. Bre- ghot du Lut fournit, bien entendu, son contingent de données qui défrayent successivement trois de ses longues lettres, et, après bien des recherches et des confrontations, il parvint à établir que si La Fontaine et le poète mis en cause lui-même ont fait rimer parfois Verger avec Berger et Juger, c'était là une licence poétique, et que la vérita- ble orthographe du nom en question était Vergier, Le beau résultat ! la rare découverte ! dira-t-on. Oui, sans doute, répondrons-nous ; car, de même que d'infini- ment petits événements composent la vie humaine, de même la littérature et l'histoire se composent et s'accom- modent volontiers de petits faits, de découvertes légères, futiles en apparence, dont elles font leur profit ; et il ne leur importe pas moins de connaître la véritable orthogra- phe d'un nom que les actions ou les œuvres du person- nage qui l'a porté. D'ailleurs, en appuyant sur de sem- blables détails, nous avons voulu faire entendre l'intérêt qu'excitaient les moindres questions biographiques ou littéraires parmi les écrivains d'une époque encore si près de nous, et à laquelle la nôtre, sous ce rapport comme sous tant d'autres, ressemble si peu. Ce serait, au reste, toute une étude philosophique à faire et qui serait féconde en enseignements, que d'examiner les points essentiels par où nous différons de nos devan- ciers, seulement depuis un demi-siècle. A l'heure qu'il est, nous sommes à peu près blasés sur tous les genres de gloire pure et élevée ; grâce à notre orgueil et à notre égoïsme, nous ne connaissons plus que les satisfactions