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438 MAURICE SIJÃONNET. les à tourner des vers, chantent une chansonnette commé- morative du temps passé. Simonnet excellait dans ce genre de chansons, fait do sentiment et de gaîté. Pendant long- temps, chaque année, il renouvela le plaisir de ses audi- teurs, qui le remerciaient par les plus chaleureux applau- dissements. Beaucoup d'autres réunions se disputaient l'aimable et bienveillant chanteur. La Société littéraire, non plus, n'aurait pas cru son dîner annuel complet, si Maurice Simonnet n'y avait paru et s'il n'eût fait entendre, au dessert, quelqu'une de ces poésies charmantes, dont il avait fait les paroles et la mu- sique et qu'il disait avec tant de goût, de verve et de gaité. « Ses opinions, m'écrivait, après sa mort, un de ses meil- leurs amis, M. Victor Smith, magistrat à Saint-Etienne, ses opinions partaient d'un esprit sincère et voilà pourquoi ceux mêmes qui n'auraient pas connu l'homme, l'auraient deviné et l'auraient aimé quand même. Simonnet avait quelque chose d'attractif; il était naïf et c'est, à mon avis, la plus substantielle des qualités que cette simplicité.du cÅ“ur. Il n'est pas d'écrivain, il n'est pas de poète sans naïveté ; ceux qui en sont privés ne sont que des hommes frivoles. La naïveté, c'est l'âme de la pensée et de la poé- sie. Simonnet était naïf et primesautier: Quelques-uns de ses vers, quelques-unes de ses poésies témoignent qu'il avait une dose rare de poésie. Son tort a été son insou- ciance de la forme précise, son impatience d'écrire des vers, trop prompts à venir, son indifférence à revoir sa pensée et à la condenser. Il lui aurait fallu un peu de Soulary, à ce généreux débridé. » Hélas ! le généreux débridé ne galopera plus à travers les vallons de la fantaisie. La maladie vint le frapper à l'insu de tous. La nouvelle qu'il avait été malade ne nous parvint à Lyon que par de douloureuses lettres de part. Décédé, le 22 décembre 1870, âgé à peine de 43 ans, il ne fut accompagné, le samedi 24, au cimetière de Trévoux,