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42 ARABES ET KABYLES. châteaux où les Romains trouvent des grains et d'autres provisions en abondance. Tite Live mentionne aussi les grandes quantités de grains que Massinissa et ses successeurs envoyaient sans cesse aux armées romaines. Dureau de la Malle' fait observer, à ce sujet, que le transport de denrées aussi pesantes que le blé, le vin, l'huile etc., impliquait l'existence de bonnes routes dans le pays. Les Romains ont parfaitement su profiter de cet élan agri- cole. Ilsfirentdela Numidie le grenier de l'Italie,enlevant ainsi à l'Egypte et à la Sicile le rôle important que ces pays avaient rempli jusque là . On comprend que les adminis- trateurs de Rome, gênés constamment par la puissance et la prépondérance politique que prenaient les proconsuls de l'Egypte et de la Sicile, ont fait tous leurs efforts pour détruire cette importance ; ils affranchirent donc au plus vite la mère-patrie du tribut commercial qu'elle payait à ces provinces qui valaient des empires. Pour se faire une idée du développement formidable que le commerce et l'agriculture prirent en Afrique sous la do- mination romaine, il faut parcourir les ruines des anti- ques villes qui couvrent le sol de nos conquêtes françaises. Tebessa, Sigus, Lambessa, Cherchell, Guelma,, etc., sont encore des villes immenses, mais complètement inhabi- tées; la civilisation et la vie commerciale ont subitement abandonné ces cités florissantes, et nous verrons que l'in- vasion des tribus nomades a produit sur ces monuments le même effet que la lave brûlante du Vésuve, se versant sur Herculanum. On se promène dans les rues désertes comme si les maisons étaient abandonnées de la veille. Ces centres d'activité ne sont plus animés que par les rares visites des bergers, qui viennent fouiller les tombes, et la famine règne aux endroits mêmes où s'accumulaient les productions les plus variées du sol africain. Ces villes anciennes ont cela de caractéristique, qu'au centre de chacune d'elles on voit les restes d'un monu-