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    < Les lecteurs de la Revue nous sauront gré de leur avoir don*
     —
 né, dans son entier, la leçon d'ouverture du cours de Philosophie.
 M. Bouillier complétera d'une manière distinguée l'ensemble de ta-
 lents réunis déjà dans notre Faculté des Lettres. Plus tard nous
 apprécierons ses travaux d'une manière plus détaillée. Le professeur
 s'est placé au point de vue du rationalisme éclectique et nous a an-
 noncé qu'il développerait devant nous toutes les conséquences de
 cette doctrine. Nous devons lui savoir gré d'avoir planté son dra-
peau avec cette franchise : la science ne peut que gagner à ce que
 tous les systèmes soient abordés sans détour ; il est bon que chaque
 école produise ouvertement ses organes. Celle dont M. Cousin est
le chef a rendu à la philosophie de très grands et de très réels ser-
vices, services que l'on a peut-être trop méconnus depuis quelque
temps. Si l'on peut accuser l'école psychologique et éclectique d'être
incomplète, parce qu'elle a trop négligé la société et la tradition pour
s'occuper un peu exclusivement du moi individuel, il faut avouer,
du moins, qu'elle a traité d'une manière supérieure toutes les ques-
tions dont elle a fait son domaine, qu'on n'a rien ajouté depuis aux
solutions qu'elle en a donné, qu'enfin on doit lui rendre grâces
d'avoir déblayé le terrain philosophique des débris du vieux sen-
sualisme. M. Bouillier, comme toutes les intelligences hardies qui
se dessinent nettement, peut s'attendre à soulever quelques contra-
dictions. Le rationalisme éclectique a deux ordres d'adversaires :
ceux qui sont restés en deçà, et ceux qui sont allés au delà, ceux qui
refusent à la raison le droit de choisir et ceux qui estiment que l'é-
clectisme a trop borné peut-être la sphère de ses choix. Quant aux
premiers, il est peu utile de leur répondre quoiqu'ils soient disposés
à parler plus haut que les autres ; quant aux seconds, il dépend de
M. Bouillier de leur faire avouer qu'ils sont éclectiques de la même
façon que lui, et son cours se présente comme conçu d'une façon
assez large pour en rallier un grand nombre; dans tous les cas, ce
n'est ni le talent, ni le savoir, ni le courage qui manqueront au jeune
professeur pour se maintenir dans la position philosophique qu'il a
adoptée.
                                                         L.