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DxVNTE ET LA PHILOSOPHIE CATHOLIQUE AU XIIIe SIÈCLE,* Par A.-F. OZANAM, docteur en droit, docteur es-lettres. Les épopées sont les encyclopédies des siècles religieux et des ci- vilisations naissantes. Les poètes antiques s'assimilaient, par l'in- tuition et par l'étude, l'universalité des connaissances de leur temps; ils puisaient, moins qu'on ne l'a cru, dans le trésor de la fantaisie, et n'en tiraient souvent rien de plus que la forme splendide d'une pensée prise au patrimoine commun de la tradition et de la science. Dominés'par cet instinct synthétique qui fait la base du génie des poètes, ils arrivaient naturellement à renfermer dans leur oeuvre les plus grandes idées qui s'agitaient autour d'eux. Sans remonter jus- qu'aux poèmes gigantesques sortis des sanctuaires de Brhama, Ho- mère, cette imagination déjà si libre, placée sur la limite de l'Orient sacerdotal et de l'Occident artiste et raisonneur, Homère fut long- temps, aux yeux des Grecs, l'historien, le politique, le philosophe suprême. Parmi les nombreux commentateurs de Ylliaie et de Y Odyssée, quelques-uns y ont trouvé jusqu'à la médecine et à l'his- toire naturelle mêlées dans la légende et la cosmogonie. Plus on re- monte, en effet, à travers les âges, le cours de la pensée humaine, plus les mille canaux où elle serpente aujourd'hui diminuent en nombre pour augmenter en surface et en profondeur jusqu'à ce qu'on arrive à un fleuve unique et immense : la poésie. Entre toutes les épopées de l'ère moderne, celle qui renferme le * Paris, Debecourt, libraire-éditeur, rue des St-Pères, 6 9 ; Lyon, Gibberton «t Brun, libraires de l'Académie, petite rue Mercière, 11,