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dessein que nous nous servons ici du terme do patriotique bienfai-
 sance, car dans l'action que nous avons citée il n'y eut pas moins
 de patriotisme que d'humanité. Co sentiment des âmes bien nées,
 Bouchot en était profondément pénétré. Ce fut par patriotisme qu'il
 refusa la décoration que le comte hongrois Smidek lui offrit, au nom
de l'empereur d'Autriche, en récompense dos soins qu'il avait pro-
 digués, en 1814 et 1815, aux blessés des armées alliées. Le cœur
de Bouchot aurait battu mal à l'aise sous une décoration étrangère
qui lui eut trop rappelé les désastres de sa patrie. Ce fut aussi par
amour pour sa ville natale que ce digne citoyen n'accepta point la
place do médecin de l'empereur que Napoléon lui lit proposer par le
colonel Mallet. Certes, il y avait dans cette proposition de quoi
combler tous les désirs, toute l'ambition de notre excellent conci-
toyen. En s'attachant à l'homme txtraordinaire dont l'immense gé-
nie excitait sa profonde admiration; en le suivant, en exerçant ses
talents dans une sphère plus élevée que celle où il s'était renfermé
jusqu'alors, le nom de Bouchet fut bientôt devenu européen. Mais,
pour cela, il lui eut fallu quitter une ville qu'il aimait, ses affections
de famille si nécessaires à son existence ; il refusa.
    Lorsque ses fonctions de chirurgien-major furent expirées, Bou-
chet se livra moins exclusivement à l'exercice de la chirurgie. La
médecine à laquelle il se voua plus particulièrement qu'au temps de
son majorât, devint pour lui une source nouvelle de succès et une
occasion incessante de s'abandonner à la bonté de son cœur. Mais
cette bonté no dégénéra jamais en faiblesse, en pusillanimité. De-
vant le malade il ne laissa jamais rien paraître des pénibles émotions
dont son ame était si souvent agitée, et, à voir le courage et le sang-
froid qu'il apportait dans ses opérations, personne n'aurait soupçonné
ce qu'elles coûtaient à sa sensibilité.


trepris de les soustraire au sort qui les menaçait. II leur fit quitter l'uniforme
et la coéffure militaire pour les revêtir d'un costume complet d'artisan, et,
après avoir distribué de l'argent à chacun d'eux, il les fit sortir de l'hôpital
comme de simples ouvriers qui seraient venus visiter des parents ou des
amis.
                                           Censeur du 27 novembre.