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Se mêle au vent plaintif qu'exhale un soir d'automne.
Je verrai donc demain la cité des vivants
Sur la cité des morts verser ses flots mouvants !
Heureux qui peut prier aux tombeaux de ses pères !
Pour moi, triste habitant des rives étrangères,
Qu'en un climat nouveau le sort vient d'égarer,
Je n'ai pas même ici de tombeaux pour pleurer :
Loin, bien loin de ces lieux, un humble amas de terra
Conserve, sous l'abri d'une croix solitaire,
Ce que j'eus de plus cher, gisant dans un linceul.
Hélas ! ainsi que moi, demain il sera seul !
Et tandis qu'Ã l'entour, de plus heureuses tombes
Se couvriront de fleurs, riantes hécatombes ;
Et, de rameaux pieux aimant à -s'ombrager,
Souriront au retour d'un printemps passager ;
Lui seul sera désert : sa pierre nue et grise
N'entendra de soupir que celui de la brise,
Et ne s'humectera que des larmes des cieux
Que l'aurore en naissant fait couler de ses yeux.
Ah ! du moins, ce jour-là , qu'une douce rosée
Soit versée, ô ma mère, à ta cendre arrosée,
Et que ta froide couche, humide de ces pleurs
Laisse éclore pour toi quelques sauvages fleurs,
Un souci pâlissant, une humble graminée,
Une z'ose des champs à la tige inclinée,
Qui, pour pieuse offrande à tes mânes défunts,
Au lieu de ma prière, épanche ses parfums,
J-C. DEMOGEOT.
1 er novembre.