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 qui s'ignorent tous deux et ne reconnaissent leur pouvoir
 qu'après le fait accompli. Il y a sous ce rapport identité entre
 la loi physique et la loi morale. De même qu'il faut à la terre
 certaines conditions pour devenir fertile, de même il faut à
 la société des circonstances favorables pour produire les fruits
 nécessaires à sa conservation. C'est au malheur qui réveille
 l'activité de l'ame, c'est à la religion qui féconde toute pensée
noble et généreuse, que la société doit tout ce qu'elle a de
 grand, de beau et de vraiment utile.
    Ces observations peuvent s'appliquer aux grandes institu-
 tions qui honorent la société, sont en rapport avec ses besoins,
 et qui, par cela même, ont un caractère de force et de durée.
Nous les rappelons ici, parce que nous avons cru reconnaître
 cette loi sociale en étudiant l'histoire des Jeunes filles in-
 curables.
    En 1819 trois jeunes filles infirmes se voyaient forcées de
quitter l'Hôtel Dieu de Lyon, où la médecine avait, pendant
plusieurs années, épuisé sur elles toutes les ressources de
l'art; on les renvoyait comme incurables. Sans parents, sans
amis, que devenir? Dans le nombre des personnes qui visi-
taient alors l'Hôpital pour porter aux pauvres des secours et
des consolations, se trouvait une jeune personne qui, ayant
beaucoup souffert, éprouvait pour tous les malheureux une
sympathie plus grande (1). L'une de ces infirmes qui recevait
plus souvent sa visite et dont les maux affectaient plus vive-
ment sa sensibilité, sembla deviner tout ce qui se passait


   (1) Nous qui n'avons pas sous noire plume la même pudeur à garder que
l'auteur de celle notice, pourquoi ne la nommerions-nous pas ici, cette
personne si dévouée à la cause des infortunés, il y a quelques mois à peine
que nous eussions craint de faire rougir sa modestie en divulguant son nom
à côté de sa bonne œuvre, mais, aujourd'hui qu'elle n'est plus, nous devons
faire honorer sa mémoire et inscrire sur la tombe de ll l l e Perrin le titre de
fondatrice des Jeunes Filles Incurables.
  M'le Louise-Adélaïde Perrin étail né à Lyon le 2 avril 1789, et c'est le 15